Collection(s) : Mémoires sociales
Paru le 10/10/2016 | Broché 164 pages
Tout public
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Il y a près de quarante ans, Alessandro Stella, dans un petit bout de territoire de la province de Vincence (à 100 km au Nord-Ouest de Venise), est un membre actif "d'Autonomia Operaia" (Autonomie ouvrière). Essayons de faire court : c'est un mouvement né en 1973, se définissant comme une lutte pour l’autonomie du prolétariat par rapport au capitalisme, à l’État, aux partis politiques et aux syndicats. Il se distinguera par ses pratiques alternatives ainsi que son refus des normes politiques dominantes. Progressivement "Autonomia Operaia" va basculer dans la lutte armée pour finir en 1979 avec l'incarcération de dizaines de milliers de militants et l'exil à l'étranger d'un très grand nombre d'entre eux, la plupart en France et en Amérique Latine. Nous sommes dans l'époque trouble qu'a connu l'Italie de la fin des années soixante jusqu'au milieu des années quatre-vingt que l'on appelle communément "les années de plomb". C'est avec humilité que notre auteur revient sur cette décennie, apportant un regard partiel puisque personnel, et on peut d'ailleurs imaginer aisément que son ouvrage ne fasse pas l'unanimité. Mais ce qui fait réellement la richesse de ce récit, c'est l'incroyable force du mouvement social qu'a connu l'Italie pendant cette période. Avec précision et finesse Alessandro Stella nous montre à quel point les luttes ouvrières ont pu établir un rapport de force aux seins des entreprises et qui, à ma connaissance, n'a aucun équivalent en Europe depuis l'après-guerre. On comprend d'autant plus sa tristesse et son sentiment d'échec lorsque l'on a touché de si près la possibilité d'établir une autre forme de lien social et qu'au final, quinze ans plus tard, l'Italie choisi Silvio Berlusconi comme premier ministre. Un beau témoignage sur une période qui n'a pas encore révélée tous ces secrets.