Paru le 23/05/2013
avec Paulin Ismard
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Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, avait décidé après la guerre de tourner résolument la page, et de ne se concentrer que sur l'avenir. Il nous raconte dans ce livre comment et pourquoi il est revenu sur sa décision, afin d'écrire notamment La République des Catacombes puis Alias Caracalla. (tous deux aux éditions Gallimard)
Mais ce texte n'est pas seulement le passionnant récit de l'élaboration de ses travaux sur la Résistance en France. Daniel Cordier pose un regard critique sur son évolution, et analyse subtilement la différence entre l'histoire personnelle, inévitablement soumise à l'affectif, et l'Histoire, récit impérativement adossé à des faits constatés. Il décrit ainsi parfaitement le fossé qui reste creusé entre les témoins d'une époque et ceux qui en font l'analyse.
"Peut-être apparaîtra-t-il qu'il est plus facile de faire l'histoire que de l'écrire ou de la commenter", a déclaré Alain Savary en ouvrant le colloque au cours duquel Daniel Cordier présenta ses travaux. Et en effet, ceux-ci furent assez violemment décriés. Il nous prouve cependant ici que bien loin de confondre son nouvel habit d'historien et sa posture de personnage historique, il sait se tenir à la conjonction des deux, avec profondeur et élégance.