Entre les deux guerres mondiales, la modernité, dont les prémices remontent à la fin du dix-neuvième siècle, prend définitivement le pas sur la tradition dans la société juive.
Les hommes désertent les synagogues, les femmes s'habillent à la mode, les jeunes se politisent.
Cette transformation radicale, bien que désirée, n'exclut ni les angoisses ni les déchirements.
Ecrivains et poètes ont crié l'horreur des pogroms et des guerres, ils ont décrit la misère des faubourgs des grandes villes, chanté l'espoir d'une société plus juste et proclamé leur désillusion devant la réalisation du rêve.
Mais ils ont surtout parlé des hommes, dont ces bouleversements transformaient la façon de vivre, d'agir et d'aimer.
Véritable subjectivité de l'histoire, la littérature yiddish nous fait assister à la naissance d'une double culture : cet équilibre toujours instable entre tradition et modernité qui est le fondement de l'identité juive moderne.
Irène Wekstein, née en Pologne, est arrivée en France après la deuxième guerre mondiale. Psychologue et sociologue, elle a travaillé comme enseignante et comme psychothérapeute. Parallèlement à ses activités professionnelles elle s'est investie dans l'étude de la littérature yiddish et s'est donné pour objectif de la faire sortir de l'oubli où l'a plongée l'histoire. Elle anime des séminaires de littérature à la Maison de la Culture Yiddish.